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Carine Bovey expose ses souvenirs d’été

Texte: Andrea Machalova
Tribune de Genève, jeudi 17 juin 2021
https://www.tdg.ch/carine-bovey-expose-ses-souvenirs-dete-992352567523

Reflets d’eau, couleurs acidulées et corps dénudés, la peintre genevoise fait monter le mercure à l’espace_L. À voir jusqu’au 21 juin.

Au départ, il y a des souvenirs. Des instants figés dans la mémoire. Celle de l’artiste, mais également celle de son iPhone. Pour réaliser cette série intitulée «Été acidulé», Carine Bovey s’est replongée dans les milliers de fichiers accumulés sur son téléphone. «Il y en a tellement qu’on en oublie, je voulais honorer ces bonheurs simples de la vie en les transposant sur la Toile», précise l’artiste genevoise pour qui il s’agit de la deuxième exposition à la galerie espace_L. Du Creux-de-Genthod à la Isola la Caprera, au nord de la Sardaigne, en passant par la plage de Björviks Brygga en Suède, où elle aime passer ses étés, les toiles de l’artiste sont autant d’invitations à prendre le large. Travaillées avec minutie, ses représentations des plans d’eau ne sont pas sans rappeler les piscines californiennes de David Hockney. Des compositions dans lesquelles la peintre n’hésite pas à se mettre en scène. Là, un bout de sein pointe son téton. Ici, une main joue avec les reflets du soleil. Les cadrages serrés laissant au spectateur la liberté d’imaginer le reste de la scène.

Des vulves et des perles

Dans la deuxième partie de la galerie, les couleurs acidulées laissent la place à une autre série, plus engagée. Réalisées sur papier, ses «Ostrongen», contraction des mots suédois «Ostron» et «Östrogen», signifiant respectivement «huître» et «estrogène», abordent quant à elles les thèmes de la féminité, de la fécondité et de la maternité. Des sujets qui tiennent particulièrement à cœur à l’artiste, qui avait été adoptée. «C’est un débat autour de la gestation pour autrui (GPA) qui a inspiré cette série, commente-t-elle. Ici la perle incarne l’enfant, mais fait également référence au trafic de perles, tout comme au trafic d’enfants.» Enduit de peinture acrylique irisée, le papier rappelle le doux scintillement de la nacre, recouvrant les perles. Des natures mortes dans lesquelles Carine Bovey n’hésite pas à jouer avec la ressemblance existant entre une huître et une vulve. De là à sa série de toiles érotiques, à l’image du sulfureux «Enfiler des perles», il n’y a qu’un pas. À la galerie espace_L, le mercure n’a pas fini de grimper!

«Sous le soleil exactement», par Carine Bovey, du 17 au 21 juin, à l’espace_L, 23, rue des Bains, Genève. www.espacel.net