Praesentia

Självporträtt med en skalle est la première toile de Praesentia, une nouvelle série de peintures visant à redéfinir la représentation du corps et des genres dans la peinture. Durant cette année, l’artiste aimerait peindre des portraits de manière classique afin de mettre en valeur des personnes courageuses qui osent être qui elles veulent. Qu’il s’agisse de féministes ou de personnes transgenres, elle aimerait effacer les stéréotypes et les constructions sociales liés aux genres. Ainsi, on pourrait poser un autre regard sur le corps, affranchi des carcans de la binarité.

Pour l’exposition Lovely Autonomy, organisée par Bowie Creators en mai 2024, l’artiste a présenté une vanité, car elle traite d’un sujet universel qui nous concerne tous. Indépendamment de notre morphologie, notre classe sociale ou notre genre, la mort nous rappelle qu’in fine, nous sommes tous égaux. 

Dans Självporträtt med en skalle le fait qu’il s’agisse d’un autoportrait d’une femme artiste n’est pas anodin, car rares étaient les tableaux représentant des vanités avec des femmes. Il ne lui vient à l’esprit que Madeleine à la veilleuse de Georges de La Tour et Marie-Madeleine pénitente de Nicolas Régnier. Une multitude d’œuvres mettent en scène des hommes avec des ossements tels que Jeune homme tenant un crâne (1626) de Frans Hals, mais également de nombreux autoportraits d’artistes, dont Michael Sweets, Jan Miense Molenaer et Arnold Böcklin pour n’en citer que quelques-uns. 

Ici, l’artiste renverse le rôle assigné habituellement à la femme dans l’histoire de l’art. Elle n’est plus une muse ou un objet de contemplation, mais elle est active, pensante et interroge le spectateur.

  L’homme à la licorne

Pour incarner cette version moderne de La Dame à la licorne de Raphaël, Carine Bovey a choisi son ami peintre Yannick Lambelet (représenté par Bowie Creators et Da Mihi). En effet, ce dernier affectionne tout particulièrement l’animal mythique dont il a même le tatouage d’une corne sur l’avant-bras. Poursuivant son questionnement sur le genre, Carine Bovey s’est penchée sur la nouvelle signification de la licorne dans notre société actuelle. À l’origine symbole de chasteté (car la licorne ne se laisse dompter que par une vierge), l’animal symbolisait la vertu de la jeune femme de La Dame à la licorne. De nos jours, la licorne reste très présente dans l’iconographie LGBTQIA+, car sa crinière multicolore reprend le principe du drapeau arc-en-ciel, reflétant les diversités et les minorités sexuelles. De plus, elle est non genrée, ce qui en fait la candidate idéale pour personnifier les valeurs queer.