Kokongkula

Dans cette série d’installations, l’artiste se questionne sur la pression exercée sur le corps de la femme par le prisme de la maternité.

Depuis l’été 2022, l’artiste est préoccupée par le regard que porte la société sur le droit à l’avortement en tant qu’individu pouvant porter la vie, qui a choisi d’y renoncer, mais aussi en tant que citoyenne. En effet, ces dernières années ont étés riches en rebondissements au niveau mondial concernant la question de l’avortement. Qu’il s’agisse de l’initiative lancée par Andrea Geissbühler et Yvette Estermann en 2021 ou encore depuis l’abrogation de l’arrêt Roe V. Wade par la cour suprême aux États-Unis en 2022, le droit à l’IVG n’a jamais autant été menacé dans nos sociétés occidentales.

Il faut dire que la norme de la parentalité résonne fort dans les conversations de tous les jours. Indépendamment de notre genre, nous avons tous droit à la fameuse question ”Avez-vous des enfants?”, plus particulièrement lorsque l’on est une femme de plus de trente ans. Néanmoins, le poids de la filiation n’est guère plus léger pour les hommes qui se doivent de perpétuer la descendance de leur lignée, notamment à travers leur nom de famille.

Par cette série d’œuvres, l’artiste interroge le spectateur à propos de son propre rapport avec la parentalité. Choix délibéré ou coercition sociale? Nombreux sont les paramètres influençant nos décisions. Ces sculptures de tissus incarnent une histoire commune, celle d’une renonciation à la filiation à travers des compositions aériennes, dont la structure organique reste la même: un cocon en tulle enveloppant une pièce en plâtre, le tout suspendu par une chaîne. Ainsi, la légèreté de cette chrysalide textile contraste avec le caractère lourd et pesant du noyau.

Depuis des temps immémoriaux, le corps de la femme est contrôlé. Dans toutes les cultures, il est synonyme de maternité. Dans Kokongkula (Boulet de cocon) le poids que l’on met sur le dos des femmes en les contraignant à perpétuer un rôle de mère se matérialise par la multiplicité des cocons. Les récits et témoignages sur la difficulté à accéder à l’avortement se répètent à travers le monde. Le noyau devient boulet, un poids dissimulé par l’obligation de réjouissance autour de la grossesse et de la maternité.

Ces nuages roses, couleur de la vie et de la chair augurent une métamorphose de notre société, qui ne s’opèrera que par le changement du regard que l’on porte sur le corps de la femme.